jeudi 24 novembre 2016

Narcissique et pervers: de quoi Cyril Hanouna est-il le nom ?


Ce blog consacré aux relations des choses du privé et du public, et à la confusion toujours plus grande entre les deux genres, ne pouvait pas ne pas s’intéresser à ce qui se passe à la télévision, dusse-t-il en coûter à l’auteur, votre serviteur, qui ne se sert pas de cet instrument -la vie est courte et il est tant d’activités plus passionnantes- mais qui à l’occasion s’enquiert de ce qui s’y passe, et tente pour les besoins d’une chronique d’en recueillir la substantifique moelle au moyen de sa tablette.
Mon attention a été retenue par l’étrange relation nouée entre Cyril Hanouna et Matthieu Delormeau dans l’émission Touche pas à mon poste diffusée sur la chaine D8 du groupe Canal+, propriété de Vincent Bolloré. L’un est le producteur-animateur du programme et l’autre l’un de ses nombreux chroniqueurs. L'un est un pervers narcissique qui multiplie les humiliations et les farces de mauvais goût à l’égard de son collaborateur, et l’autre, souffre-douleur du précédent, qui consent à ce rôle, histrion aussi narcissique que son patron, mais lui pour briller à tous prix quand bien même dans la servitude et sous le mépris de celui qui abuse de lui.
Le CSA s’en est mêlé, le 23 novembre 2016, en adressant une mise en garde et une mise en demeure à la chaîne, sur des bases fort curieuses. après qu’il a fallu des centaines de plaintes des téléspectateurs. Une sanction pourrait suivre. C’est le « respect de la personne humaine et notamment la protection du jeune public » qui inquiète le gendarme de l’audiovisuel. Serait-ce que les formes d’humiliations et de ce qu’il faut bien nommer le sadisme et les actes de cruauté commis par Cyril Hanouna, et plus généralement l'abandon aux instincts les plus bas et la médiocrité revendiquée de l'émission au motif de « s’amuser » ne choquent plus personne une fois arrivé à l’âge adulte ? Serait-ce que l'on se soit habitué à la théâtralisation de ses relations sadiques et perverses, devenues le lot de la télévision depuis qu’elle est envahie par les talk-shows et les reality-shows ?
Une merde, une pleureuse, un bouffon
Dès la première participation de Delormeau à TPMP, en septembre 2015, Hanouna a demandé à l’ensemble des chroniqueurs de donner leur avis, pour ou contre, sur son arrivée dans l'émission. Il en a fait sa tête de turc, de blagues salaces pour l’humilier (les nouilles dans le slip) en cruauté délibérée (son automobile promise à la démolition), et d’insultes gratuites et sans raisons (vous n'avez pas de couilles, et voir plus loin) en mises en scène morbides et de mauvais gout, en parallèle à des polémiques savamment orchestrées pour faire le buzz, donnant lieu à des déluges d’insultes via Twitter et les réseaux sociaux contre les « darkas et les « teubés » qui n’aiment pas l’émission. Au total sept rappels à l’ordre de la part du CSA.
C’est une étrange relation sadomasochiste qui s’est nouée entre l’ex-animateur de NRJ 12 jouant au play-boy ou à l'amoureux transis et son patron, surnommé Baba, qui prend le rôle du mari jaloux ou du « père sévère qui corrige ses enfants » pour reprendre les propos d’une chroniqueuse, et gratifie son subordonné de « mon chéri » et de « garçon sensible », lui-même se vantant plus souvent qu'à son tour de la taille généreuse de ses attributs virils et en se moquant de la "petite bite" supposée de son employeur. Cela vole très haut comme on le voit.
Les limites du tolérable à la grosse rigolade sont parfois dépassées, comme la séquence du 28 septembre 2016 mise en cause par le CSA quand Hanouna traite Delormeau de merde, de pleureuse et de bouffon en lui demandant de fermer sa gueule, le même Delormeau qui, la veille, avait été outé de son homosexualité au milieu des rires gras de l’équipe et des hurlements du public devant un Cyril Hanouna hilare et déchaîné et un Ged Elmaleh pris au dépourvu puis se prêtant volontiers à la curée, au point que certains internautes ont traité Delormeau de  « goy de service » de l’émission.
La séquence était fort instructive et elle serait à mettre au programme de sociologie à l’université (avec la fameuse expérience de Milgram) sur les formes modernes de sadisme ordinaire, sur une certaine banalité du mal, ou sur le mécanisme de construction du bouc émissaire dans un groupe en fusion soumis à l’insécurité et à la pression (chronique de Bruno Donnet sur France Inter à ce sujet).
La deuxième séquence mise en cause par le CSA a vu Jean-Michel Maire embrasser le sein d’une participante sans son consentement. La troisième séquence, la pire de toutes, et pour cela soumise à l’enquête d’un enquêteur indépendant, est un canular où Hanouna met en scène une bagarre se finissant par la mort par homicide d'un des protagonistes, accident dont il demande à Delormeau de porter le chapeau auprès de la police.
Hanouna a cru bon de répondre, dans son émission même, à l’interpellation du CSA, en prétextant la rigolade et l’amusement, en se faisant bruyamment applaudir par un public aux ordres, comme il le fait chaque fois pour répondre aux critiques.
Pervers narcissique contre narcisse histrionique
Passons sur l’extrême médiocrité de l’émission, sur la vilenie des participants, sur le rire gras et la bêtise satisfaite qui s’y étale, celle d’Hanouna en premier mais aussi celle des chroniqueurs, qu’ils soient journaliste, artiste cultureux en tournée de promotion, amuseur public ou starlette de la télé réalité, avec mentions spéciales pour les piliers de l’émission, Gilles Verdez (son pugilat avec Joey Starr), Jean-Michel Maire (auteur du baiser non consenti) et Valérie Benaïm.
On l’a dit plus haut la relation entre Delormeau et Hanouna est faite de narcissismea partagés mais les deux ne se valent pas eu égard à la relation d’employeur à employé, Delormeau risquant à tout moment d’être viré -le fort roulement de chroniqueurs à chaque rentrée est une private joke au sein de l’équipe- et Hanouna ne se fait pas faute de rappeler qu’il dispose de ses chroniqueurs comme bon lui semble -tu es ma reine, tu es ma star, dit-il à Delormeau.
Le premier est un manipulateur sadique, le second consent aux humiliations et aux insultes, tout en les désapprouvant, par le besoin qu’il a d’exister, de se montrer, de se distinguer. Delormeau est beau, avec quelque chose de solaire à l'âge de vingt ans mais il est aussi limité intellectuellement. Beau et con à la fois, chantait Jacques Brel. Le narcissisme est un avatar des sociétés modernes. Il découle du processus d’individualisation, de l’anomie et de la désincorporation sociale, de l’effondrement du Surmoi comme référentiel moral et code de conduites canalisant les bas instincts (comme chez Donald Trump). Les incroyables confidences de François Hollande sont celles d’un narcissisme outrecuidant se croyant invulnérable.
C’est du reste le propre de ce type d’émission que de permettre à chaque intervenant d’avoir son moment à soi, de briller un court instant, et c’est tout l’art de l’animateur que d’offrir à chacun son quart d'heure de gloire, art dans lequel excellait Laurent Ruquier avec sa bande aux personnalités aussi narcissiques les unes que les autres, de Claude Sarraute à Gérard Miller et Isabelle Mergot. Hanouna est bien l’héritier de Ruquier, en plus grossier, en plus manipulateur, en plus pervers.
Le petit brun méditerranéen contre le grand blond fdesouchien
Le duo Hanouna-Delormeau est très étonnant à un autre titre, par la dissemblance d’aspects des deux protagonistes -ils sont comme deux types physiques opposés- l’un grand, musclé, le visage régulier, un blond aux yeux bleus, sans contexte un joli garçon, et l’autre petit, brun, pas bien foutu et le visage objectivement laid. Ces dissemblances renvoient de manière subliminale et impensé à leurs différences d’origines familiales et géographiques respectives.
D’un côté, Hanouna, d'origine juive tunisienne, fils d'un médecin généraliste et d'une commerçante de prêt-à-porter, incarne le sépharade fort en gueule, malin et entreprenant, sans gêne et sans complexes, prodigue de son bagout et de sa bonne humeur, tel qu’on l’imagine dans son entreprise de confection ou de la net économie du Sentier, de ceux que la série des films La Vérité si je mens, où lui-même a joué, a popularisé.
L’autre, Matthieu Delormeau, avec son nom si gaulois, issu d’un milieu bourgeois, le fils d’un grand avocat, est une petite chose délicate et maniérée, bien que le corps fort musclé et bodybuildé (ceci expliquant cela, faire de la gonflette, comme on disait jadis, traduisant fragilité psychologique ou manque de confiance en soi), un homosexuel à moitié déclaré qui joue de ses ambiguïtés, un garçon travailleur et consciencieux mais un peu naïf, et puis susceptible et soupe au lait, et limité intellectuellement quoique ayant quelques prétentions à traiter des sujets sérieux. Un petit blondinet, le babtou fragile ou le bolosse, la victime préférée des cours de récrée, le Gaulois ou le fromblanc, toutes ces expressions péjoratives et dégradantes venues des habitants des quartiers « difficiles ».
L’émission plait aux habitants de ces quartiers qui ont pour caractéristique commune de n’être pas de type "caucasien", de n’avoir pas les yeux bleus et de détester la France fragile et propre sur elle incarnée par Matthieu Delormeau, qui dans ce rôle, n’est jamais qu’un Harry Bellegueule acceptant sa condition de paria. Hanouna s’en prend souvent aux garçons qualifiés de fragiles, par euphémisme, les Ruquier, Morandini et Fogiel, et aux blonds, comme dans ce sketch ou coiffé d’une perruque, blonde évidemment, il se fout de la tête de Laurent Delahousse.
De quoi Hanouna est-il le nom ?
Hanouna est le signe de la revanche des petits bruns basanés des rives sud de la Méditerranée sur les grands blonds à la peau claire nord-européens, des cancres sur les bons élèves, des laiderons sur les beaux garçons, du migrant sépharade juif et pied-noir, ou arabo-musulman, sur le Gaulois.
Le titre même de l’émission, venu de SOS racisme -Touche pas à mon pote- vaut tout un programme : Hanouna a récupéré l’idéologie à prétention antiraciste pour se payer tout ce qui incarne la France et les Français, son histoire et leurs racines, l’élégance et le bel esprit, l’intelligence et les bonnes manières. Il incarne la société postnationale, multiculturelle et communautarisée, il montre la guerre du futur de tous contre tous entre individus et entre communautés.
Delormeau est la tête de turc de tous les perdants basanés, décidés à prendre leur revanche sur les grands blonds qui ont dominé l’Histoire des siècles passés. Pas de pitié pour eux, ils ont ce qu’ils méritent. Comme le racisme et les agressions religieuses, il y a celles que l’on relève et les autres -le racisme anti-blanc et les agressions anti-chrétiennes- qui ne comptent pas.
Le gentil Delormeau ne mérite ni pitié ni compassion. Ce pauvre garçon agaçant et un peu bête l’aurait même un peu cherché -les commentateurs de la presse de caniveau aussi bien que les internautes ne se privent pas de le mentionner. D’autant que les pédés votent à présent à droite et qu'entrés en force au Front National ils ne valent pas la peine que l’on pourrait se donner. 
L'impunité de ceux qui passent à la télé
Blonds et blondes sont devenus l’objet de la vindicte ou du mépris. D’où l’étrange impunité dont bénéficie Hanouna, et la curée contre Delormeau, et le malaise que l’on ressent. Les Voici, Closer, Gala, People et Cie se sont faits l’écho des avanies et cruautés subies par Delormeau sur le mode voyeur et gourmand mais la presse sérieuse ne s’en est mêlé qu’après un article des Inrocks.
On aurait aimé entendre le cœur des pleureuses qui se sont époumonées contre Denis Baupin et Jean-Marc Morandini à propos de faits non encore jugés, et donc non établis juridiquement, quand le sadisme et la cruauté d’Hanouna diffusées en direct à la télé les laissent de marbre.
Dans la société du spectacle tout est permis à celui qui fait de l’audience. Et TPMP fait beaucoup d’audience, jusqu’à deux millions de téléspectateurs, l’émission assurant un tiers des recettes publicitaires de la chaîne. Que des téléspectateurs aimassent ce type de programme montre à quel point le niveau monte, pour reprendre l'expression qui avait court à propos de l’école il y a une vingtaine d’années. Rien de surprenant puisque les industries de divertissement participent du mouvement d’abêtissement des foules, et au nivellement par le bas qu’occasionnent la mondialisation des cultures et des modes de vie et les migrations de populations non acculturées à nos valeurs et nos traditions, ce que l’école abandonnée aux pédagogues et aux idéologues du multiculturalisme serait bien en mal d’inverser.
Hanouna est un mélange de Bedos pour la méchanceté, d’Arthur pour le cynisme et le sens des affaires, de Djamel Debouze et Élie Seymoun pour le physique et l’autodérision. Le rire, l'agressivité et l’extrême vulgarité n’appartiennent qu’à lui et pour ma part j’ai du mal à déceler de l’humour dans ce qu’il fait.
Hanouna est doublement intouchable, par l’autocensure pratiquée dans les médias pour ne pas alimenter l’antisémitisme, et parce qu'il porte à sa façon la culture arabo-musulmane des quartiers et le vivre-ensemble supposé entre communautés différentes. Il est une sorte de Mathieu Kassovitz sans les qualités humaines ni les talents, ou de Jack Lang sans la culture et l'entregentLa polémique entre Hanouna et Michel Onfray fut révélatrice, le philosophe l’accusant d’alimenter le djihadisme et Hanouna de lui rétorquer qu’il ne voulait rien à voir avec "un islamophobe notoire », la presse faisant semblant de ne pas comprendre les propos du philosophe [1], et prenant fait et cause pour l’animateur.

Dans la novlangue le vivre-ensemble renvoie à la coexistence (rien moins qu'harmonieuse) entre juifs et arabes dans les pays musulmans avant la colonisation européenne. Voir à ce propos le très intéressant article de Georges Bensoussan dans la revue Le Débat d'octobre-décembre 2014 sur le mythe d'un âge d'or judéo-arabe et la vision irénique d'une convivialité entre juifs et arabes dont le vivre ensemble n'est finalement qu'un avatar. Ce mythe ancien, on le trouve déjà dans Nathan le Sage (1783) de l’Allemand Gotthold Lessing. 
Public - privé
Ce qui relevait naguère de la sphère privée -les sentiments, les émotions, la sexualité, les liens familiaux, les croyances- envahissent toujours plus l’espace public : la télévision ou les réseaux sociaux, la rue ou la plage, ou ces lieux de vie à vocation collective que sont l’entreprise, la salle de sport, la cantine, le restaurant, là où il n’y a pas si longtemps la discrétion, la retenue et la pudeur étaient de rigueur.
Notons au passage -j’y reviendrai dans une chronique ultérieure- que la laïcité à la française consistait en un principe de neutralité au sein de l’État et dans les services publics mais aussi dans les espaces publics en général, une neutralité par respect des autres, eu égard à leurs propres intimité et croyances, parce que la croyance religieuse était devenue, au terme de plusieurs siècles d’évolution et à l’instar des sentiments, et avant le retour d'un islam à prétention politique et holistique, une chose éminemment privée.
On étale, on dévoile et on expose, pour se confier et faire partager aux autres, sans égards pour eux, la peine, le désespoir, la colère, l’amour et les passions qui nous animent. Ce qui aurait été impensable à la génération de nos grands-parents qui ne se confiaient pas, qui ne se plaignaient guère et emportaient dans la tombe les tas de petits secrets pas bien jolis que l’on accumule au cours d’une vie. L’exhibition de soi fait les beaux jours de la télévision depuis une vingtaine d’années, de talk show en reality show, de Mireille Dumas à Jean-Luc Delarue et de Karine Lemarchand à Cyril Hanouna. Face à cette éruption des choses intimes et privées dans l’espace public nous sommes assignés à la posture de l’exhibitionniste ou du voyeur.




[1] « Aujourd'hui, et ce depuis la gauche, on nous présente des modèles tragiques qui font rêver les jeunes : Bernard Tapie, la Rolex, la Ferrari, Cyril Hanouna, un joueur de foot qui donne des coups de boule etc., alors qu'il y a soixante ans ou plus, un jeune rêvait d'être médecin, avocat ou professeur d'université, Jean-Paul Sartre ou Maurice Chevalier", s'emporte Michel Onfray avant d'asséner: "Vouloir ressembler à Serge Reggiani ou à Yves Montand, c'est tout de même moins déshonorant que vouloir ressembler à Cyril Hanouna ! Il est donc logique que la kalachnikov devienne le rêve ultime".

mercredi 23 novembre 2016

Trump II: Le panache blond du WASP étatsunien

Investiture présidentielle de Donald Trump (II)
(Article du 22 novembre 2016) 

Trump va-t-il s’assagir dès qu’il aura passé les portes de la Maison blanche ? Il faut l’espérer, ou le craindre, si l'on est de ceux, nombreux dans son électorat, qui ont fait vœu de scepticisme et ne parviennent pas tout à fait à prendre au sérieux les hommes politiques en général et Donald Trump en particulier. Lors des premières tractations pour la formation de son administration Trump parait déjà avoir mis en berne son exubérante houppe de cheveux jaunâtres qui lui servait d’étendard ! Va-t-il se renier ? Probablement pas, et la question est de savoir jusqu'où ira sa révolution conservatrice.
Le camp Clinton a fait l'erreur de prendre Trump, son allure et ses bons mots, au premier degré, de le sous-estimer, de le croire plus bête qu’il n’avait l’air, tombant en plein dans le panneau tendu. La condescendance et le mépris pour les bas du front imbéciles et obtus est le trait commun de la caste politico-médiatique, de la jet-set artistique et des seigneurs de la finance et de l’industrie, que ce soit aux États-Unis, en Grande Bretagne ou en France. 
Il y a un impensé symbolique à la chevelure de Trump, par son volume, sa forme et sa couleur, par les références subliminales qu’elles mettent en branle. Rien d’oiseux et de vain là-dedans, ceci est très sérieux. Il est des empires qui s’effondrent par les caractéristiques d’un nez. Il est des élections qui se gagnent, et des révolutions qui se mettent en branle, par le fait d’une coupe de cheveux. Du reste que serait Churchill sans son obésité et ses cigares, Hitler sans sa ridicule petite moustache et sa mèche noire, ou de Gaulle avec ce corps trop grand dont il ne savait que faire. Telle est la puissance des images sur celle des phrases, et la force des symboles sur les mots, que ce soit au marbre des statues antiques, aux actualités filmées des salles de projection cinématographique ou aux écrans modernes des médias audiovisuels, à l’heure où l’image a supplanté l’écrit et l’écran se substitue au livre.
Trump a fait de son panache blond un étendard, un signe de reconnaissance, un mode de ralliement. Tout comme Obama a fait de sa démarche de basketteur, cool et élastique, typique de la culture noire, le basket étant par excellence le sport des noirs américains, et ses sermons iréniques de prêcheur baptiste, à la manière de Martin Luther King, les signes de reconnaissance de sa propre présidence. Cette décontraction si américaine et ses discours en forme de prêches religieux ont valu à Barak Obama sa facile élection, et son prix Nobel anachronique, mais soulignent, a contrario, la faiblesse de ses deux mandats, le peu de réalisations à son actif et la déception relative de ses électeurs, comme si le tribun avait annihilé l'homme d'action.
Stigmate de la blondeur et récupération de l’indignité
Il sera difficile à celui qui ne l’a pas vécu personnellement de croire qu’il y a une indignité à être blond aujourd’hui. Pourtant quand Jean-Luc Mélenchon déclare "qu'il ne peut pas survivre là où il n'y a que des blonds aux yeux bleus", il traduit la gêne que suscite la blondeur. Imaginons qu’il eût parlé de noirs ou de bruns aux yeux foncés de type latin, et c’était le scandale assuré. Le blond, dans l’imaginaire collectif, est l’équivalent du nazi, du toqué, du réprouvé ou de la grande folle. Il suffit de voir ce que l’on fait jouer aux blonds au cinéma depuis une quarantaine d’années: des rôles d’Allemands (Fiennes, Law), de collaborateurs de ces Allemands (Marchetti, le policier des RG, dans la série Un Village français), de doux dingues (Peter O’Toole, Pierre Richard ou Brice de Nice), de tueurs en série (Dexter dans la série éponyme), d’assassins ou de malades mentaux (Klaus Kinsky).
Il y a une anomalie à la blondeur, une improbabilité, parce que le nombre de blonds est plutôt faible dans le monde (10 % de la population en Europe occidentale) et que la blondeur s’efface avec l’âge. Une anomalie remarquablement traduite par David Bowie dans son rôle d’officier britannique prisonnier des Japonais dans le film Furio.
Pour prendre la mesure du changement radical qui s’est opéré dans notre imaginaire, il faut se souvenir que quand la blondeur était valorisée, les grands rôles du cinéma, ceux de jeunes premiers (Jean Gabin et Jean Marais) ou de héros romantiques (Gary Cooper ou James Dean) ou de chanteurs de charme (Charles Trenet et ce personnage très étonnant, juif d’Algérie, appelé Blond-Blond parce qu’il était albinos) étaient pris par des blonds aux yeux bleus. Tout ceci a changé en 1945 en Europe où la blondeur est devenue synonyme d’aryanisme et de persécutions, avec la découverte des monstruosités que les préjugés ethnico-raciaux du nazisme (inverses des nôtres) avaient engendrées et plus tard aux États-Unis sous l’effet du mouvement des droits civiques et des politiques d’affirmative action puis du droit-de-l’hommisme et de l’humanitarisme quand le blond s’est vu peu à peu assimilé à l’éternel méchant -colonialiste, esclavagiste, génocidaire- de l’Histoire.
Pour les femmes, l’indignité d’être blonde n’est pas moins grande : idiote, pétasse et putasse, la blondasse réunit tous les stéréotypes. Les « histoires de blonde » qui nous semblent aller de soi sont récentes. Il n’y a pas cinquante ans, la blondeur était synonyme de pureté et d’innocence, voire de sainteté (Michèle Morgan, Romy Schneider), de sagacité (Brigitte Bardot, Mireille Darc) et de fidélité ou de bonté (Simone Signoret dans Casque d’Or) et même aux États-Unis, avant Jayne Mansfield et surtout Marilyn Monroe, quand on pense aux personnages sages, calculateurs ou froids interprétés par Greta Garbo, Ingrid Bergman et Grace Kelly. Et chaque fois que je chante l'air du catalogue dans Don Giovanni, je ne manque pas de m'étonner que ce soit la gentillesse de la blonde que ce cher Wolfgang, ou Da Ponte, eussent a louer. Plus rien à voir avec les Nicole Kidman, Sharon Stone et Britney Spears de notre imaginaire contemporain !
Une chevelure improbable : ampleur, couleur et forme
La chevelure improbable de Donald Trump, duveteuse et vaporeuse, apparemment naturelle mais faite pour instiller des doutes sur son authenticité, d’autant que jaunâtre, tirant sur l’orange, le jaune et le gris platine, aura été l’un de ces leurres lancer par Trump pour tromper l’adversaire. Chevelure d’autant impensable que passé la trentaine Trump était châtain, et qu’il n’a acquis cette couleur bigarrée qu’à l’orée des années 2000, quand elle a pris du volume et les tons fauves et léonins d’une crinière de vieux lion, à partir du moment où il a commencé son émission de téléréalité [1]. Coiffure à l’antique, comme un casque de cheveux au marbre des statues avec une mèche dont on ne sait où elle prend racine mais qui s’étend à l’aplomb du visage pour masquer la calvitie du front, assez peu marquée pour un homme de cet âge, et sur l’arrière pour dissimuler celle au sommet du crâne.
La chevelure de Trump, par son ampleur, est la crinière de Samson ou du vieux lion, symbole de force et de fécondité, surtout quand le patriarche réunit sa nombreuse famille recomposée autours de lui. Il incarne une masculinité assumée, y compris graveleuse, à un moment où le féminisme à vocation matriarcale, agressif et niveleur, est sur la sellette, et cela parle aux classes populaires.
La blondeur plus ou moins factice des cheveux du Président élu est le plumet de l’aryanité (ou de l’anglo-saxonité pour rester correct) dont certains de ses partisans se revendiquent assez ouvertement (voir l'article du New York Times sur le mouvement Alt-right dont Breitbart News, la plateforme media, avait pour directeur Stephen K. Bannon, le nouveau conseiller à la stratégie du Président Trump), sauf que les idiots utiles de l’antiracisme idéologique en faisant sonner les trompettes de l’indignation n’auront pas compris de quoi il en retourne. Ce n’est pas la référence ethnique et le retour à une Amérique blanche fantasmée qui est en jeu mais la référence à une idée de l’Amérique incarnée par ses fondateurs anglo-saxons. Et de la part des électeurs de Trump, dont un assez grand nombre de latinos et de noirs tout de même, ou de blancs qui n’ont rien des traits physiques des Pères fondateurs anglais et pas l’ombre d’un sentiment raciste, il s’agit bien d’un processus d’adhésion sans identification à ce que Trump représente ou personnifie -j’y reviens plus loin.
La coiffure, par sa forme, ressemble à un casque de cheveux (le spray fixant qu’il utilise se nommerait même Helmet Head). C’est le panache du guerrier à l’antique. L’image se réfère aux grands personnages de l’antiquité gréco-latine. Sans aller jusqu’à comparer Trump au David de Michel-Ange, comme un article récent du Point le suggère -les différences de beauté et d’âge sont tout de même considérable- la référence est bien là: à défaut du port de tête grec ou du profil romain c’est bien au marbre des statues auquel la figure de Trump nous ramène, référence civilisationnelle évoquant le courage du combattant hébreu ou grec, le sage athénien et le patricien romain. Et il n’est jusqu’à la démagogie du tribun qui ne trouvât ses références chez Platon, le démagogue étant le propre du régime démocratique.
Trump, personnalisation clownesque de l’Amérique
Tel un clown joyeux, farceur et imprévisible, Trump a charmé toute une moitié de l’Amérique qui aime les personnages grotesques et ridicules, et choqué l’autre, l’Amérique qui se prend au sérieux, plus digne, plus coincée, plus rabat-joie, l’Amérique d’Hillary Clinton, raide et pisse-froid. On ne comprend rien au phénomène Trump si l’on feint d’ignorer que la dérision, l’autodérision et le rire à gorge déployée sont au cœur de l’identité nationale américaine, dans la littérature, chez Mark Twain et surtout dans le cinéma ou au music-hall. Trump rappelle les personnages burlesques familiers de l’imaginaire étatsunien, les Buster Keaton, Laurel et Hardy, Charlie Chaplin et Marx Brother, et même Samy Davis Jr. Trump est un menteur et un tricheur assumé, tout comme les Clinton sont des menteurs, ou Obama, mais d’une autre façon, plus hypocrite et plus fausse, les premiers comme avocats et le second avec sa faconde de prêcheur, la main sur son cœur, des mots sucrés plein la bouche.
Trump a fait de ses cheveux flamboyant et trop voyant un produit marketing. C’est l’avantage de certains blonds quand ils vieillissent, sur ceux qui ont la malchance relative d’être foncés : les cheveux gris et blanc se confondent avec le doré. Ils n’ont pas besoin de se teindre la chevelure comme un François Hollande, façon bourreau des cœurs d’actrices et de journalistes. D’un ridicule assumé et volontairement poussé Trump a fait de ses cheveux un signe de reconnaissance et même un signe de fierté, pour lui et ses soutiens, une bouffonnerie ou un stigmate que l’on brandit pour compter ses partisans. Dans la société du spectacle, dans le grand barnum des élections, il faut se faire remarquer, tout azimut, quelques soient les moyens, par le choc des mots, même les plus indécents et grossiers, et la puissance évocatrice des images, même les plus grotesques et outrées.
Trump manie les unes et les autres à la perfection et l’on est un peu peiné de la naïveté de ses adversaires, qui lui ont si souvent servi la soupe soit en s’indignant de ses bons mots pas bien élégants dont il a émaillé sa campagne soit en se moquant de son allure de bouffon. C’était le but recherché. Ils ont ainsi participé au processus, non d’identification, mais d’adhésion au candidat Trump, à son programme et son slogan de campagne -Make America great again- et à ce qu’il personnifie, cet impensé symbolique résumé par ses cheveux, pour ses futurs électeurs qui ne s’identifient pas physiquement avec le candidat, ou avec son style de vie, ou avec sa gouaille et ses outrances, mais qui se reconnaissent dans ses idées, dans son programme, et de ce qu’il dit de l’Amérique, sans pour autant lui faire un chèque en blanc, si l’on peut oser ce jeu de mots. Les électeurs de Trump, comme ceux de Marine Le Pen, sont plus malins que ce que la classe médiatique imagine. Ce sont des sceptiques en politique. Ils ne prennent jamais tout à fait au sérieux ceux qui sont chargés de les représenter.
Adhésion sans identification, personnification sans incarnation
C’est toute la différence entre le processus d’identification avec quelqu’un qui nous ressemble et une simple démarche de reconnaissance ou d’adhésion de type ethnico-culturelle à des idées et à un programme, et à celui qui le personnifie, auquel on n’est pas obligé de ressembler. Il faut insister à ce niveau sur trois erreurs ou confusions souvent faites de ce côté de l’Atlantique :
-    L’éthos étatsunien, l’identité nationale de l’Américain s’est construite sur le modèle du WASP (White Anglo-Saxon Protestants), depuis les Quakers du May Flower jusqu’au Président prêtant serment sur la Bible. Mais ce modèle ne tient pas à l’appartenance ethnique, raciale et même religieuse des habitants mais à l’adhésion aux valeurs historiques de l’Amérique incarnées par le WASP : la famille, le puritanisme, la Bible hébraïque et chrétienne, les institutions républicaines, l’éducation, la réussite par le travail et l’argent, et l’anglais comme langue commune. C’est ainsi (si l’on veut bien pardonner l’oxymore), que les plus Wasp des catholiques, les Kennedy, une famille patricienne de la Nouvelle Angleterre, ou le plus Wasp des noirs, Barak Obama, passé par le formatage de Yale et du Congrès, ou les plus Wasps des juifs – de Barry Goldwater à Henry Kissinger et Bernie Sanders- ont accédé ou ont failli accédé aux plus hautes fonctions du pays. C’est l’adhésion des Kennedy ou d’Obama aux valeurs du WASP qui leur ont ouvert les portes de la Maison blanche.
-      Il nous paraît étonnant, et révoltant, à nous autres Européens que des prolétaires et des déclassés puissent voir en un milliardaire sans morale et sans scrupules la réponse à leurs problèmes, un patron dont les méthodes avec ses salariés ou avec le fisc sont celles d’un truand de haut vol. Bienvenue dans le monde des barons-voleurs… C’est le mystère de la personnification sans incarnation qui tient pour les États-Unis à deux valeurs de l’éthique protestante toujours présentes : l’homme seul et héroïque face aux pouvoirs et à l’establishment, et la réussite professionnelle en tant que signe d’élection et de distinction, peu importe la forme et la manière. Notre vision européenne du WASP est trop celle du grand bourgeois d’affaires dont le cinéma ou la littérature, dans Bret Easton Ellis, a donné une vision trouble qui fausse notre jugement. L’éthique du WASP se retrouve chez l’ouvrier du Michigan ou le travailleur social du Wisconsin, chez le fermier du Kentucky et le retraité de Floride, chez les juifs et les catholiques, et même chez les musulmans. Il faut du reste faire justice à Max Weber : l’occidentalisation du monde ne fait que traduire l’universalisation de l’éthique du protestantisme et de l’esprit du capitalisme.
-   Les États-Unis ont une tradition assimilationniste, comme jadis la France, mais avec des moyens différents, par la contrainte et la violence, comme on le voit illustré dans le film Gangs of New-York ou par ces symboles de basse intensité qui forment un everyday nationalism -The Star and Stripes, The Pledge of Allegiance, les Primaires, Thanksgiving, le Superbowl- et par le pouvoir d’adhésion aux valeurs messianiques nationales. Ce n’est que depuis les années 60 que le multiculturalisme l’emporte sur le modèle assimilatoire. Les États-Unis, pays multiracial, était unifié culturellement, les amérindiens, les asiatiques et les mêmes les noirs ayant repris à leurs compte la culture religieuse, les modes de vie et les codes professionnels ou vestimentaires du WASP. Ce que le terme même de melting-pot, qu’il faut traduire par creuset (pour la fusion des métaux) désigne.
Aujourd’hui le melting-pot est remplacé par le salad-bowl : la population organisée en communautés ne se mélange plus; les latinos parlent espagnols et s’organisent en société séparée, les noirs retournent à la culture des marges, les musulmans suivent le Coran et non la Bible, les femmes et les homosexuels ont leur propre agenda en matière de mœurs et de procréation et il n’est jusqu’aux blancs défavorisés -les White Trash- qui se voient assignés à s’organiser communautairement depuis qu’ils se retrouvent les grands sacrifiés de la globalisation et des politiques d’affirmative action.
Le Président WASP
Comme de bien entendu les commentateurs autorisés ont remplacé les bêtises d’avant élections par des inepties d’après élections, comme de dire que Trump est le Président des petits blancs (sous-entendu les bas du front racistes, peu éduqués et marginalisés), et d’expliquer la montée des populismes par la peur et la colère, et la révolte des peuples contre les élites (à l’instar du Brexit ou la montée inéluctable de Marine Le Pen). Il y a du vrai bien sûr là-dedans mais le propos est trop court, il manque de profondeur, ignorant la puissance irrésistible de la lame de fond, expliquant le comment mais jamais le pourquoi de la montée des populismes.
Les WASP -blancs, protestants et anglo-saxons- sont l’essence de l’Amérique, dans un pays obsédé par la différence raciale et par la question des origines, jusqu'à un degré pathologique (dans la querelle évolutionnisme-créationnisme ou sur la question jamais refermée « des premières nations », asiatique ou européenne, qui auraient découvert en premier le continent, et des droits prioritaires qu'ils auraient ainsi acquis). Les descendants des Pilgrims Fathers ont créé et développé ce pays, massacrant, au passage, les peuples amérindiens qui l’occupait précédemment, mettant en place un des pires systèmes esclavagistes qui se puisse imaginer et spoliant les hispaniques des territoires au sud qu’ils avaient conquis, pour en faire une grande démocratie et le pays le plus puissant qui n’ait jamais été. Ils peuvent se sentir fier, malgré tout, de l'ouvrage accompli (les États-Unis ont créé, avec la Grande-Bretagne, les fondements de la démocratie libérale) et très en colère contre ceux qui veulent le détruire, ou qui s’organisent pour le dénaturer, au nom du rachat des fautes et de la revanche des battus de l’Histoire.

Tout est dans le "malgré tout", au trébuchet incertain des crimes du passé, normalement prescrits, et des œuvres réalisées. Ce qui caractérise la démocratie libérale par rapport à la loi de la tribu ou du clan, au système féodal et à l'absolutisme royal, aux tyrannies et aux théocraties, c'est la responsabilité pour soi, pas pour les autres ni pour ceux qui nous ont précédés, l’inverse de la loi du sang. La démocratie multiculturelle nous fait régresser vers la loi des frères ou la loi des parents, sous la coupe des chefs de gangs et des chefs de clans; la revanche jamais éteinte des ancêtres, la mémorialisation des crimes du passé, la vengeance jamais assouvie des victimes et de ceux qui en perpétuent le souvenir et établissent les bases du fonds de commerce lacrymal et lucratif qui servira leurs intérêts.
La « question blanche », le populisme et la nouvelle guerre de Sécession à venir
Avant d’être engagé pour jouer James Bond Daniel Craig se plaignait de ne se voir donner que des rôles de nazi. Choisir un blond aux yeux bleus pour le rôle de 007 en 2005 fut le signe d’un retournement de tendance, une sorte de revanche des blonds, dont l’élection de Trump est un parachèvement. Car Trump est un déviant au sens du sociologue Erving Goffman : il refuse la place allouée par lui par la société et il arbore le stigmate de sa blondeur comme un trophée. Il récupère les traits de l’indignité en le transformant en signe de fierté, comme les noirs arborant des coiffures afro en signe d’affirmation de soi, ou les rescapés juifs des camps ne cachant pas leur tatouage au bras, ou les homosexuels atteints par le sida récupérant la symbolique du triangle rose.
Avec le phénomène Trump autant qu’avec le phénomène Marine Le Pen, et de façon moindre avec le Brexit, on assiste à l’émergence d’un communautarisme de souche (blanc, chrétien, masculin), fonctionnant à l’instar des autres communautarismes -la revendication de droits, la victimisation et l'affichage agressif d'une fierté retrouvée -la white pride après le black is beautiful et le gay pride- une « communauté » jusqu’à présent majoritaire qui se sent dépossédée de ses droits historiques.
On assiste aux État-Unis autant qu'en Europe à l’émergence d’une « question blanche », comme il y eut une question juive ou une question noire, en réaction à la mondialisation libérale dépossédante, au multiculturalisme déculturant, au processus de remplacement populationnel, au développement d’un féminisme castrateur et à la mise en cause de l’identité culturelle multiséculaire de l’Homme occidental, si ce n’est des fondements de sa civilisation : Athènes-Rome-Jérusalem, la Chrétienté médiévale, la Renaissance, les Grandes découvertes, la Raison des Lumières, l’État-nation.
La victoire des courants politiques populistes –le populisme n’étant jamais que le symptôme des dysfonctionnements d’un système politique, et par là même un sursaut nécessaire ou salvateur pour ce système- traduit la recomposition idéologique à l’échelle planétaire, la summa divisio, comme dit Jacques Julliard, entre mondialistes et souverainistes, ou à l’échelle française, entre les deux versions du républicanisme observées par Marcel Gauchet: l’internationaliste et la patriotique.
Les premières nominations faites par Trump montrent que lui et ses partisans sont décidés à maintenir une ligne dure, voire très dure contre ceux qui ne partagent pas leur vision des États-Unis. Leur agenda est de refonder les bases de l’Amérique des origines. Ce peut être une lutte sans merci qui s’engage entre deux visions, d’un côté l’Amérique du WASP personnifié par Trump à laquelle une majorité des couches populaires s’identifie et de l’autre l’Amérique multiculturelle défendue par les élites de la finance et de la culture, le parti démocrate et l’establishment du parti républicain, plus toute une ribambelle hétéroclite de communautés et de groupes de pression.
Cette lutte est porteuse de troubles civils et d’une nouvelle guerre de Sécession, sous forme de partition et de communautarisation, sur des fondements similaires à la première du genre mais à front renversés, et des lignes de fracture géographiques étonnamment constantes. C’est le nord confédéré (le nord-est plus précisément, plus la façade pacifique à l’ouest) qui sera tenté de faire sécession contre le sud fédéraliste (associé au Midwest). Les libre-échangistes du parti démocrate sont passés au nord et les protectionnistes du parti républicain au sud. De même que les tenants de l’industrie versus ceux qui bénéficient d’une rente de situation à l’exportation -hier l’agriculture du sud fondée sur l’exploitation esclavagiste et aujourd’hui la net-économie du nord fondé sur l’extorsion mondialisée de la valeur ajoutée. Une chose demeure en tous cas : les fractures raciales et la vision obsédante racialisante de la société étatsunienne, soit par séparatisme racial et volonté de ne pas se mélanger soit par l’injonction au métissage et au mélange, par déni ou angélisme, pour nier ces races (ou ces différences ethnico-culturelles si l’on veut rester correct) qui ne devraient pas exister.



[1] Comme on le voit dans une série de photos d’un article du Huffington Post dont le titre -L’évolution des cheveux de Donald Trump est aussi effrayante que ses politiques- montre comment les partisans d’Hillary Clinton n’ont rien compris à cette campagne et qu’ils ont, pour cette raison même, lourdement perdu les élections.



mardi 22 novembre 2016

Épicière et brutale: la droite la plus con qui soit


J’avais pronostiqué la défaite de Juppé en octobre 2016 mais aussi dès juin 2015 et juillet 2015Parce qu’elle était inscrite dans nos traditions politiques, parce qu'elle tient aux modes de suffrages de nos grands scrutins nationaux, parce que sous la Ve République le candidat le plus centre se voit toujours éliminer prématurément. Je ne vais pas bouder mon plaisir maintenant que cette défaite est quasi actée, d’autant que Fillon était le moins pire des sept candidats. Plaisir décuplé par le fait que les sondages se sont plantés dans les grandes largeurs, qu’ils ont voulu nous tromper en nous faisant accroire que la bataille se résumerait à l’affrontement Juppé-Sarkozy. Comme l’écrit E. Levy, après le Brexit et l’élection de Trump, il souffle un air de débandade dans le Parti des Médias.
On ne voit effectivement pas comment Juppé pourra rattraper son retard au second tour alors que la plupart des électeurs de Sarkozy et des autres petits candidats, à part NKM, se reporteront sur son adversaire. Fillon sera assuré d’une écrasante victoire. Mais essayons dès à présent de voir plus loin, en faisant le bilan de ces primaires de la droite et du centre, et en tirer les conséquences électorales pour la gauche et le FN. La campagne des primaires a révélé une triple erreur de perspectives de la part des candidats -erreur de diagnostic, erreur de stratégie, erreur de style- ce qui se rattrape éventuellement, mais aussi un positionnement idéologique téméraire qui pourrait couter cher à LR pour la Présidentielle et dont les principaux gagnants seront Marine Le Pen et la stratégie voulue pour elle par Florian Philippot.
Le programme de Fillon n’est ni plus ni moins que celui qui avait permis à Sarkozy de remporter les élections de 2007, en plus dur, en plus ferme, en plus tranché. On sait ce qu’il en fut de sa mise en œuvre, très en deçà des espérances des électeurs. Certes, on pourra compter sur le courage de Fillon pour respecter ses promesses, sur sa sincérité et sa rigueur qui tranchent avec un Sarkozy qui m’a toujours fait l’effet de mentir comme un bonimenteur de foire ou un arracheur de dents. Le vouloir certainement, mais le pourra-il vraiment ? Fillon ne va-t-il pas se heurter au même dilemme que ces prédécesseurs : il ne maîtrise pas les moyens de sa politique car celle-ci passe par la reconquête de la souveraineté nationale et le retour aux fondements historiques de notre identité commune. Et seuls les partis dits souverainistes, le Front National et Debout la France, sont sur cette ligne.

L’erreur de diagnostic

Pour les Républicains le diagnostic est simplissime : les Français ne travaillent pas assez et l’État dépense trop, et quant aux menaces sur notre sécurité et notre identité ce ne serait qu’une question de fermeté. Diagnostic assez consternant dignes de ministres de l'économie et des finances mais pas de candidats à la Présidentielle.
Sur le temps de travail, le constat est faux car les statistiques ne sont que des moyennes : certains Français travaillent beaucoup (travailleurs indépendants, salariés des PME, précaires) et d’autres beaucoup moins (secteurs publics, salariés des firmes internationalisées, chômeurs) et il faut aussi tenir compte de l’intensité du travail très forte en France, ce qui a ses avantages (forte productivité horaire) et ses gros inconvénients  (maladies professionnelles et pathologies mentales liées au stress et à l’épuisement). Cela se traduit dans le taux de suicide, la consommation d’antidépresseurs, dont la France est championne du monde, et aussi dans cette identité malheureuse, dont l’immigration de peuplement et l’islamisation ne sont que des aspects et qui tient à ce constat : la France n’est plus le pays où il fait bon habiter, et l’art de vivre à la française relève de plus en plus d’une chimère du passé ou du produit marketing pour une France muséifiée. Laisser au niveau de l'entreprise la négociation sur le temps de travail ne résoudra pas ces disparités, elles en seront même accentuées.
De même que sur les dépenses publiques, faire croire que le problème tient au nombre de fonctionnaires et la solution d’en faire disparaître 500 000 est au mieux un mensonge, au pire un aveuglement. Seul un dégraissage rapide, sous forme de licenciements, plutôt que par la hausse du temps de travail, permettrait des économies substantielles, ce qui supposerait de faire sauter le statut de la fonction publique et de prévoir des indemnités substantielles très coûteuses à court-terme. D'autant que la faible productivité du secteur public et l’état déplorable des services publics tiennent surtout à une organisation inefficace, aux missions superflues, aux structures inutiles et à un mode de fonctionnement digne de Courteline et de Kafka dont les fonctionnaires sont les premières victimes. Il faudrait restructurer sauvagement avant de dégraisser massivement. Aucun candidat ne s’y aventurera.
D’autant que le vrai problème du faible dynamisme économique français, du manque de compétitivité des entreprises, de la désindustrialisation et par là, du chômage massif et de l’exclusion sociale des plus vulnérables, tient non aux dépenses de l’État laminées depuis 20 ans mais au montant considérable des dépenses sociales qui pèsent sur l'économie (50 % des dépenses publiques et 35 % du PIB). C’est un choix de société qui se paye en impôts et en prélèvements sociaux. Les toucher reviendrait à attaquer des vaches sacrées auxquelles les Français sont très attachées : prestations de chômage généreuses, système de santé en « libre-service », allocations famille et de solidarité fort coûteuses.

L’erreur de stratégie

Au diagnostic erroné correspond une erreur de stratégie dont Fillon ne prend pas la mesure. Elle tient à ce diptyque combinant électrochoc libéral pour l’économie et austérité financière pour l’État, soit le choc thatchérien des années 70 et la purge merkelienne des années 2000. Que du brutal ! 
Bien que nécessaires, il n’est pas sûr que la France soit en état de recevoir ce choc et cette purge combinés qui pourraient bien tuer le malade. Parce que ce sont des recettes adaptées pour d’autres pays qui ne correspondent pas à notre modèle national. Parce que cette médication est anachronique et vient à contretemps, comme toujours de la part de la classe politique française : c’était dans les années 80 qu’il fallait prendre le tournant thatchérien en libérant l’économie et en modérant les dépenses publiques (1). Parce qu’elle intervient à un moment inopportun quand les deux pays qui donnent le ton dans les orientations mondiales entament, avec le Brexit et Donald Trump, un tournant souverainiste et antimondialiste de grande ampleur.
Ce dont souffre la France depuis toujours est un problème d’ajustement, ou d’adaptation, au monde qui l’entoure, soit parce qu’elle est « en avance » sur ce monde-là (aux moments de l’absolutisme monarchique entre 1515-1710 et de l’État-nation égalitaire entre 1789-1815) soit parce qu’elle est en retard sur lui (1870-1945). Depuis 1975 et le tournant néo-libéral et le mouvement de globalisation, la France a été à la fois en retard par rapport à ses alliés du fait de son système d’économie administrée et du poids de son État colbertiste et social et en avance sur lui, par sa clairvoyance dans son hostilité au modèle libéral anglo-saxon mondialisé qui mène à la destruction des États-nations, au nivellement identitaire et au chaos multiculturel.
On n’applique pas un remède de cheval à un patient affaibli par trente années de potions administrées par des charlatans. Le malade sent qu’il va perdre sur tous les tableaux : travailler plus et gagner moins, le choix entre assistanat et emploi précaire, la disparition de la paix sociale sans la résolution des problèmes sociaux, le rétrécissement des libertés sans avoir plus de sécurité, l'ouverture des frontières et l'accueil de toute la misère du monde sans en tirer d'avantages économiques ou cultuirels; les emplois industriels perdus et les emplois de la nouvelle économie non advenus; la perte de souveraineté réglementaire, monétaire et budgétaire sans la prospérité et la sécurité promises et sans même des finances saines garantes de notre indépendance nationale.
L’erreur principal de stratégie des Républicains tient aux recettes d'épicerie proposées. Il n’y a pour eux que l’économie et les finances, pas de perspectives à long-terme qui fassent un peu rêver. La droite parlementaire française, ploutocratique et sans idées, ne sait parler que de gros sous. Elle fait l’impasse sur ce qui préoccupe avant tout les Français : leur souveraineté comme peuple, du fait d’un système politique représentatif vicié, leur souveraineté comme nation, par le fait de décisions désormais prises à Bruxelles, à Washington et Berlin et leur identité menacée de mort, par la déculturation du pays, de son africanisation et de son islamisation.

Sur l’erreur de style et la forme de ces primaires

Le choc libéral et le choc d’austérité sont d’autant inopportuns que les Français sont moralement épuisés, mentalement à bout. On peut le regretter mais le pays a d’abord besoin d’être rassuré. Et le style des sept candidats, et particulièrement le ton de Fillon, n’est pas là pour les tranquilliser. Les débats entre les sept candidats ont laissés une impression surréaliste à ceux qui ne sont pas des électeurs LR.
Aveugle, brutale et maladroite, tel est apparu la droite la plus con qui soit, droite dans ses bottes, comme si elle en revenait toujours à ses vieux démons : n’avoir ni valeurs qui la porte sur la longue durée, ni idées qui la mobilise quand elle est dans l’opposition, ni courage quand elle est aux affaires. Nous eûmes droit à des échanges techniques et ennuyeux à part lorsque les candidats se livrèrent à des règlements de compte personnels et qu’ils déballèrent, avec l’inconscience de qui croit la partie déjà gagnée, les remugles sales de leurs affaires de famille.
On se dit que les Républicains ne connaissent pas la réalité, qu’ils ne voient que les gagnants de la mondialisation, les insiders des grandes villes et des grandes entreprises et ignorent la France qui souffre et qui est au bord de l’explosion, celle qui aura le plus à perdre au choc de libéralisation et au recul des dépenses publiques. C’était du reste la stratégie de Juppé avec son identité heureuse : faire passer la pilule de la précarité et de l'austérité avec des caresses et des mamours, sauf, bien sûr, que ce n’était que du vent. Fillon est plus honnête mais aussi plus téméraire. Il promet du sang et des larmes, sans souffle pour animer son programme, et sans charisme pour le porter, sans rien qui puisse atténuer les effets du traitement carabiné qu’il promet de nous donner.

Un positionnement gestionnaire et néo-libéral téméraire

Il manquait à cette campagne si ce n’est du souffle au moins du fond, et des perspectives, pour ne pas parler de convictions. Tout a été sacrifié aux calculs électoraux, au positionnement sur telle ou telle fraction de votants (le centre droit pour Juppé et NKM, la droite libérale dure pour Le Maire ou Fillon, la droite conservatrice forte pour Sarkozy, Copé et Poisson) et à la perspective de faire un bon score dans la perspective de Matignon pour tous ceux qui ne faisaient pas la course en tête. Tout cela était affligeant eu égard aux enjeux dramatiques pour la France et à la perspective de troubles aux allures de guerre civile du fait de la libanisation du pays.
Des commentateurs, à gauche, ont cru voir les sept mercenaires ou les sept salopards nous faire le coup du plus dur et plus méchant que moi tu meurs ! Ils étaient bien trop gentils. La droite la plus con qui soit, qui a abandonné la nation, tombe dans le panneau de la droitisation libérale, au moment où les États-Unis et la Grande Bretagne tournent le dos aux chimères du libre-échange et de la globalisation sans limites.
Les sept candidats de la droite et du centre ont plutôt fait l’effet des sept nains aux téléspectateurs et celle qui va retirer les marrons de la petitesse et d’une certaine bassesse des nains qui lui servent d’adversaires, à droite, c’est Blanche Neige, alias Marine Le Pen, ou plus exactement la ligne idéologique suivie par Florian Philippot pour elle au FN. Le positionnement libéral-conservateur de Fillon, d'une droite gestionnaire, avec son électorat de petits propriétaires, et d'une droite conservatrice, avec son électorat rétif au libertarisme des mœurs, va donner de l'espace à un candidat de centre-gauche de type Macron ou Valls et il va mordre sur l’électorat identitaire du Front National. Mais il va surtout s’aliéner l’électorat prolétaire, les bastions de la France qui souffre, le monde des employés et des ouvriers orphelin d’une gauche qui a abandonné le peuple et qui représente toujours 60 % de l’électorat, ceux-là même que Philippot vise avec la ligne sociale, étatiste et protectionniste qu’il a imposé au forceps au FN. Voir à ce propos mes deux articles du 20 octobre 2014 (Florian Philippot: ce souverainiste avec des bottes de gaulliste) et du 21 juin 2015 (Haro sur Philippot ?).
Il n’est pas dit que Philippot n’ait pas anticipée non seulement l'effondrement des socialistes mais aussi l’erreur que commettraient les Républicains avec leur virage tout gestionnaire et un néo-libéralisme anachronique par rapport à la marche du monde, quand sur l’identité et la sécurité ils peinent à être crédible -il faudra plus que de la discipline et des uniformes pour redresser l’école de là où elle est tombée, et des mesures plus radicales que la réorganisation du ministère de l’intérieur et des services de renseignement pour lutter contre l’islamisme et le grand remplacement (il faudrait plutôt le retour au modèle français d’assimilation et la re-migration des migrants surnuméraires). Ce qui serait un coup de maître de la part du responsable de la stratégie du FN.
Aveuglement à droite et déni à gauche
L’aveuglement, ou la myopie, est la marque distinctive des dirigeants de la droite gouvernementale française, alors que le déni serait la caractéristique de la gauche socialiste. La droite ne semble pas voir la réalité telle qu’elle est, ou avec retard, comme le cavalier qui voit l’obstacle que quand il est dessus, parce qu'elle est coupée du peuple -mais ceci n’est pas nouveau- et surtout parce qu’elle ne croit à rien et change d’idées comme de chemises, au gré des circonstances et des retournements de vestes électoraux. Du reste, de grâce ne parlons pas des valeurs de la droite ! Le propre de la droite de gouvernement -hors la parenthèse gaulliste- depuis un siècle est de se contrefoutre des valeurs et de puiser au petit bonheur la chance, à droite et surtout à gauche, les idées sociales, libérales ou souverainistes pour les recycler, trop tard et à contretemps, avec Chirac et Sarkozy qui furent des maîtres du genre.

Aveuglement sur l’Europe panacée et l’euro-solution-à-nos-problèmes. Aveuglement sur l’immigration-chance-pour-la-France. Aveuglement sur l’islam-religion-d’amour-et-de-paix. Aveuglement sur la perte de compétitivité, la désindustrialisation et l’endettement du pays. Aveuglement sur la faillite de l’État et des services publics. Aveuglement sur la désintégration sociale, le communautarisme et l’identité nationale qui fout le camp. Aveuglement dans l’ignorance des laissés-pour-compte. Tout ceci trouve sa source dans les décisions, ou les non-décisions, prises depuis quarante ans, par manque de courage, par lâcheté et par soumission au Surmoi de gauche qui domine la droite française depuis un siècle. Ce que veulent très majoritairement les Français, de droite ou de gauche, aujourd’hui c’est la reconquête des frontières et le retour aux fondements de notre identité nationale : souveraineté et identité, tels est le cocktail gagnant. Que le pays ait besoin d’un électrochoc libéral et d’une bonne purge financière (l'intendance suivra dirait de Gaulle), c’est l’évidence, mais à l’intérieur de frontières qui protègent des vents mauvais de la mondialisation et sur les bases d’une identité nationale retrouvée qui éloigne les spectres de la guerre civile.
Déni à gauche ou aveuglement à droite, le résultat est le même, ce que le philosophe Clément Rosset avait résumé d’une formule, le réel et son double, en tant que le réel et sa représentation forment deux univers séparés: nos dirigeants appréhendent mal la réalité, leur diagnostic est souvent faux et leurs programmes sont en décalage avec les besoins et desiderata de la France réelle, de la France d’en bas, de la France périphérique.
Les primaires n’ont jamais été démocratiques. C’est un tamis social pour désigner des leaders normalisés sous la pression de sondages. Jamais la formule de Mélenchon n’a été aussi juste, tant pour comprendre la primaire de droite que celle de la gauche encore à venir. Il faut le dire et le répéter : le système des primaires, copié des États-Unis, ne correspond ni à nos institutions politiques ni à nos traditions électorales ni à nos scrutins électoraux. Les primaires sont le résultat de l’accouplement incestueux des appareils des partis politiques avec les médias dominants et les instituts de sondage, le produit vicié de la société du spectacle au bénéfice de la caste mondialiste, un système de représentation fictif dans un système politico-médiatique qui ne représente plus personne, à part les élites qui se sont autoproclamées comme telles.







(1) Tout comme c’était dans les années 70 qu’il fallait être un social-démocrate à l’allemande, dans les années 90 que le souverainisme de Seguin et de Villiers nous aurait protégé des idéologies européanistes et droits-de-l’hommiste, en limitant l’immigration, en défendant la méritocratie scolaire, en tenant bon sur le modèle français d’assimilation, et dans les années 2000 qu’il fallait assainir les finances publiques et baisser les impôts.