mercredi 8 février 2017

Trump IV: Populistes bas du front et demi-savants d’après élections

Investiture présidentielle de Donald Trump (IV)
(Article du 15 janvier 2017)

En 2015 et 2016 les commentateurs autorisés et autres experts appointés ont pris une raclée à propos de tout ce qu’ils s’évertuaient à nier depuis quarante ans. Ils se sont trompés dans les grandes largeurs. Ils se sont proprement disqualifiés. Sur le tournant néo-conservateur français, de la Manif pour tous jusqu’à l’élection de Fillon à la primaire de la droite. Sur les migrations de peuplement venues d’Afrique et du Moyen-Orient vers l’Europe, et de l’Amérique latine vers l’Amérique du nord. Sur le processus de conquête, dans ses dimensions idéologique, politique et guerrière d’un islamisme totalitaire ayant de nombreux traits de l’idéologie communiste du siècle précédent. Sur les mythes du vivre-ensemble et de la coexistence harmonieuse dans les sociétés multiethniques et multiculturelles. Sur la globalisation heureuse et le libéral-libertarisme libérateur. Sur l’Union européenne, entreprise de construction supposée, qui n'est en fait que la destruction programmée des peuples et des nations qui la constitue et laisse un vide politique immense dont on ne sait comment il pourra être bouché. Sur les grands méchants autocrates, de Poutine à Orban et Assad, ou de feu Moubarak, Ben Ali et Kadhafi, dont nos humanistes va-t-en-guerre ont voulu la fin quand dans la société néo-libérale, de nature hobbsienne, le danger n'est pas dans le trop d'État mais dans la disparition des États constitués, comme l'exemple canonique de la Libye l'a montré. Et bien sûr sur le Brexit et sur Trump, et tous les populistes bas du front, "ces enracinés du local contre les agités du global" (Patrick Buisson) qu’il devient difficile de traiter comme quantité négligeable dès lors qu’ils font des majorités et qu’ils sont là pour durer. Comme le dit E. Lévy: « populiste au dessus de 50 %, ça devient populaire ». 
La gifle fut monumentale et elle est méritée. Le traumatisme est considérable. Imaginer qu’un Jean-Marie Le Pen, non sa fille, eût accédé à la régulière à la magistrature suprême française, le choc est du même ordre. Le diable en personne –Hitler en grand blond et sans moustache- s’est emparé de la première puissance mondiale, celle-là qui s’imaginait volontiers comme l’empire du Bien, la nouvelle Athènes éclairée et la nouvelle Jérusalem messianique conduisant l’Humanité enténébrée sur le chemin du progrès, avec la mission quasi divine d’apporter la démocratie et la liberté au monde entier. On ne sait comment les États-Unis vont sortir de l’état de sidération où ils ont été plongés mais cela ne se fera pas sans gros dégâts, quelque soient les orientations ou les politiques, modérées ou radicales, choisies par la nouvelle administration. L’investiture du 20 janvier prochain et les manifestations prévues à cette occasion donneront la tendance pour les mois à venir.
Dénonciation morale et reductio ad hitlerium
Depuis le Brexit et encore plus depuis l’élection de Donald Trump tous ceux qui se sont discrédités en ne voyant rien venir, après qu’ils se sont rapidement excusés, en particulier au New York Times [1], le grand journal de référence, en pointe dans le combat contre Trump, ne cessent de découvrir de nouvelles causes expliquant la victoire de celui qu’ils adorèrent détester, et qu’ils avaient déjà voués à finir dans les poubelles de l’Histoire, comme tous les odieux populistes avant lui.
Il faut du reste se souvenir des derniers jours de la campagne et le ton extrêmement condescendant, sans précautions, à la limite de l’hystérie, comme pour terrasser l’adversaire parce que la victoire semblait assurée, de la part d’Hillary Clinton et de Barak Obama. Ce tir de barrage aura eu l’effet de braquer nombre d’indécis et de motiver des abstentionnistes d’aller voter contre Hillary.
Pour s’en tenir au NYT, le directeur du quotidien Arthur Sulzberger a promis de couvrir « de manière juste et impartiale  » la présidence de Donald Trump, en conformité avec la formule de Adolph S. Ochs : « to cover the news without fear of favour ». Il ne s’est cependant pas passé un jour depuis des mois sans un article à charge dans son journal. Il s’agit bien d’une incapacité de comprendre. Il manque aux commentateurs les capteurs et les outils d’analyse, et ils tombent invariablement dans la dénonciation morale.
Le supplément du 6.12.2016, du NYT illustre bien cette infirmité. Roger Cohen, éditorialiste du journal, énonce, dans The Rage of 2016, toutes les bonnes raisons pour qu’un pan du peuple américain soit en colère eu égard aux effets négatifs de la globalisation avant que de condamner les effets (électoraux) de cette colère, en fait la conséquence des causes qu’il vient d’énoncer, et d’annoncer l’effondrement du système de l’après-guerre. Il n’est jusqu’à l’éloge de l’Allemagne, le bon élève de la classe libérale, équilibrant libéralisme et solidarité qui ne soit un pied de nez à l’ordre de 1945 imposé par les États-Unis et le Royaume-Uni.
Francis Fukuyama (The Allure of the illiberal) et Kofi Annan dans le même supplément dénoncent les nationalistes anti-libéraux qui ont pris le pouvoir un peu partout (Russie, Inde, Japon, Hongrie et maintenant RU et EU) sans s’interroger sur la raison d’un tel mouvement de fond, et de proposer comme seule solution d’améliorer les systèmes de répartition, et en convenant que cela n’est pas suffisant [2]. Quel aveu d’impuissance !
Il faut bien convenir que le plus perspicace a été le magazine conservateur Foreign Affairs (où parut naguère le fameux article d’Huntington sur le clash des civilisations) qui titra dans son numéro d’avant l’élection The Power of Populism, ouvrant sur un interview de Marine Le Pen, ou dans les envois suivants s’interrogeant sur le global Trumpism (« Why Trump’s victory was 30 years in the making and why it won’t stop here. The era of neoliberalism is over. The era of neonationalism has just begun »), trouvant sa genèse 30 ans avant, sur l’ère du neo-nationalism et le retour au principe des souverainetés (sovereign obligations), hérité de l’ordre international sorti des traités de Westphalie après la guerre de Trente Ans qui ravagea l'Allemagne.
Dernier moyen, le plus usité, Trump rhabillé pour l’hiver en nouvel Hitler, avec la référence pesante au retour aux années 1930, aux États-Unis aussi, où on a découvert un Guy Bedos local en la personne de l’écrivain Paul Auster. Un ouvrage tout juste sorti et bien documenté ne peut s’empêcher du même parallèle et de voir en Trump, non un peintre raté comme Hitler, mais « un acteur abimé » [3]. Trump en fasciste, c’est bien n’avoir rien compris et faire preuve d’anachronisme, le pire péché de l’historien, du sociologue ou du journaliste.
Un nouveau paradigme : la démocratie non-libérale
Les commentaires et les lignes de défense idéologiques d’après-élections des commentateurs pour justifier leur manque de perspicacité sont confondants. Rien ne semble pouvoir les faire changer d’idées et bouger de là où ils sont bien installés, si ce n’est une révolution, ou tout autre moyen consistant à renverser la table, la table où ils sont bien accrochés, à la renverser sur eux cette table, et pour de vrai.
Comment expliquer l’aveuglement ou le déni de ceux qui font pour profession d’éclairer le bon peuple en vertu de l’éducation qu’ils ont reçue et de leur intelligence et sagesse supposées ? C’est que d’abord nous sommes entrés dans un monde nouveau, un paradigme inédit de la démocratie libérale, de la politique, des rapports sociaux, des relations internationales. Ce paradigme a commencé à se mettre en place dans les années 1970. La révolution Internet et la libéralisation quasi complète des échanges internationaux en a accéléré le rythme à partir de 1999.
Pour retrouver un tel niveau de transformation il faut revenir cent ans auparavant, lors de la première phase de mondialisation libérale (1885-1914), les mêmes causes produisant les mêmes effets. Cette phase avait vu le paradigme autoritaire et conservateur laissé la place au paradigme démocratique et libéral, celui sous lequel nous avons vécu jusqu’à aujourd’hui.  
Pour les clercs, un changement de paradigme est malaisé à appréhender, comme un virage difficile à négocier. Ils sont prisonniers de leur savoir. C’est que notre perception des évènements est faussée par les représentations. Difficile de sortir des cadres mentaux forgés ou entrés tout armés dans le cerveau, on n’en sort qu’en combattant les conditionnements du dressage ou de l’étude. Pour revenir à la fin du 19ème siècle, ceux qui en restèrent à des conceptions conservatrices et autoritaires furent marginalisés, et les régimes monarchistes qui ne surent s’adapter ont été balayés comme des fétus de paille par le grand vent de l’Histoire.
Quelques traits caractéristiques qui feront l’objet d’un article complet peuvent être tracés de ce nouveau paradigme que certains ont déjà baptisé de démocratie non –libérale ou illibérale : la médiatisation (ou société du spectacle), la marchandisation (ou société de marché), l’individualisation narcissique (ou société des individus), la désintellectualisation-déculturation (ou société sans culture), la dépolitisation comme conséquence des précédents et enfin le retour de religiosités frustres et archaïques : islamismes et pentecôtismes.
Préjugés, vérité, post-vérité
Incapable de s’en libérer eux-mêmes, les commentateurs pointeront les préjugés [4] des gens peu éduqués, ces bas du front tombant sous les charmes des enchanteurs populistes, ces arriérés attirés par le chant des sirènes fascistes, et ils se sentiront investi de la mission de corriger leurs erreurs supposées, pour ne pas dire leur crasse bêtise, et de se considérer en chevaliers du vrai. Et de multiplier les rubriques de décodage et de check-facts ayant vocation à rétablir la vérité, à la manière des admonestations d’autrefois par les curés en chaire ou au confessionnal.
Il faut à ce propos faire un sort au terme de post-vérité dont les médias se sont emparés pour expliquer la crédulité supposée des électeurs. La post-vérité (post-truth ou post-facts en anglais, ou post-faktisch en allemand), a été élu mot de l’année 2016 par le dictionnaire Oxford (en 2015, c’était Lüge-Presse, la presse mensongère, en Allemagne), une notion fourretout, comme l’atteste sa fiche Wikipédia, un mot valise vide de sens, comme du reste celui de contre-vérité qui a fait florès jadis.
Le sophisme pour dénoncer les mensonges des populistes est assez fort de café quand c’est la gauche des campus, depuis 40 ans, des deux côtés de l’Atlantique, cette French Theory dont l'extrême gauche américaine s'est entichée et qui communie dans l’admiration des maîtres français de la déconstruction, du relativisme culturel, de l’art conceptuel et du pédagogisme -Foucault, Derrida, Deleuze, Bourdieu- qui n’ont cessé de combattre les catégories anciennes du Beau, du Vrai, du Droit ou de l’Autorité [5]. À son propos l’édito du Monde du 2 janvier 2017 vaut son pesant de cacahuètes, la grande modestie du journal de référence paraissant suivre une ligne exactement inverse au nombre de ses lecteurs [6].
Notre conception du vrai et de la vérité a été façonnée par deux mille ans de néo-platonisme dont le christianisme a repris les fondements, avec deux approches possibles de la connaissance, l’une fausse, l’une vraie, comme dans le mythe de la Caverne, une conception binaire qui n’est pas celle d’Aristote ou de Blaise Pascal ni celles des philosophies extrême-orientales influencées par le bouddhisme et le confucianisme. Pascal qui qualifie de demi-savants les savants qui n’en sont pas vraiment. Heidegger qui remarque « que l’essence et l’histoire de l’homme occidental se distinguent par ce fait que son rapport fondamental à la totalité de l’étant implique le savoir et le connaître et de la sorte la circonspection au sens où l’essence même de l’homme occidental se décide et se structure à partir de la réflexion. Ce n’est que parce qu’il est ainsi que l’homme occidental historique peut en retour être frappé d’une irréflexion, d’une inconscience, d’une perturbation de sa circonspection, fatalité dont une tribu nègre reste parfaitement préservée ».
Préjugés des demi-savants et savoir des ignorants
Dans un monde idéal avec des règles établis et du fair-play les demi-savants se retireraient du jeu. Las, ils ont la légitimité de ceux que que les médias ont enrolés, ils ont la maîtrise des moyens et des codes de la communication et ils ont l’indécrottable certitude et outrecuidance de leur incommensurable supériorité intellectuelle et morale, à la manière d’un François Hollande bavant et déblatérant des secrets d’État dans des conversations privées avec des journalistes d’investigation....
Les préjugés des demi-savants sont plus indéracinables car ils ont la solidité des certitudes acquises au cours des années d’études. Ils ont pour eux la légitimité du concours, de la chaire, du prétoire ou du plateau télé et enfin ils bénéficient de ce garde-fou très solide que constitue l’amour-propre, ou le narcissisme, plus grand chez celui qui a réussi dans la vie par rapport au raté qui a intériorisé son infériorité.
Les demi-savants pullulent aujourd’hui, en saturant l’espace public, pour la simple raison que les effectifs de gens ayant reçu une éducation et un diplôme de niveau universitaire ont augmentés, sans accroissement du niveau très supérieur de l’instruction, et avec la forte diminution du niveau moyen des formations ou des diplômes, les vrais savants se retrouvent noyés sous le nombre, avec la difficulté corrélative de faire entendre une voix discordante.
Il n’est qu’à voir la teneur des thèses de doctorat aujourd’hui, et de quantités d’ouvrages du commerce: un livre écrit à partir d’autres livres. D’où les accusations récurrentes de plagiats, même à l’encontre de personnalités (en Allemagne où le titre de docteur assure reconnaissance sociale et carrière sans nuages) qui ébranlent régulièrement les universités de sciences humaines tiraillées entre deux objectifs antagonistes: délivrer des diplômes qualifiant à un emploi et préparer à la recherche.
Encore que de nombreuses formations se passent dorénavant de l’usage des livres (selon Natacha Polony les écoles de journalistes françaises n’ont pas de bibliothèques), à la base desquels pourtant a reposé toute l’intelligence humaine, et les fondements de la civilisation occidentale, ceci au profit des savoir-faire et savoir-être, des techniques de communication et de l’usage des images, de la raison instrumentale au détriment de la raison spéculative. Le film Les Invasions barbares de Denis Arcand avait déjà tout résumé il y a une vingtaine d’années avant même l’irruption de l’Internet.
Les préjugés de nos savants (modernes) sont souvent plus grands que ceux qui seront taxés d’ignorants, car ceux-là étant guidés par leurs émotions et parfois leurs intuitions, ils parviennent à des jugements plus immédiats, et donc plus vrais, jugements qu’ils ne sont pas pour autant capables de justifier. Le savoir des ignorants, si l’on permet cet oxymore et de tenter une métaphore, est comme une page blanche, ou un palimpseste, sur laquelle des émotions éphémères et des pensées fugaces trouvent à s’inscrire en signes effaçables et légers, quand le savoir des demi-savants est une page toute chargée de caractères, puisés dans les livres et l’étude, où tous les caractères nouveaux qui s’y impriment, quand on n’est pas doté d’une intelligence organisatrice rigoureuse ou d’un bon sens permettant de trier l’essentiel du superflu, rendent la page moins lisible et moins compréhensible.
Finkielkraut rappelle que pour Arendt, comme pour Orwell, « le véritable ennemi c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone » et à propos de ce pont-aux-ânes contemporain, ce péché d’anachronisme si commun à notre époque, consistant à tout ramener aux heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, à savoir les années 1930, il donne dans La Seule exactitude ces deux citations, l’une de Péguy « Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l’exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée » et l’autre de Coleridge : « La lumière que nous fournit l’expérience est une lanterne fixée à la poupe : elle ne brille que sur les vagues qui sont derrière nous ».
Nature du populisme
Toute la littérature demi-savante s’est persuadée depuis un siècle, et a voulu nous persuader, que le populisme était une chose très vilaine, à l’extrême-droite, sans compter la confusion entre populisme et fascisme, une sorte de maléfice contre lequel il faudrait se prémunir, comme contre le diable en personne, et si ce n’était avec des gousses d’ail et de l’eau bénite (les visuels des mouvements antiracistes, la main des potes de SOS Racisme par exemple) avec des formules destinées à repousser les esprits démoniaques ou à désenvouter leurs électeurs –d’où à l’inverse les efforts supposés des populistes pour se « dé-diaboliser » sachant que ce sont pourtant leurs adversaires, généralement athées, qui les ont diabolisés.
Les demi-savants ont voulu ignoré non seulement que le populisme pouvait être de gauche et qu’il l’avait été historiquement plus souvent qu’à son tour –Sans-culottes et Communards étaient des populismes de gauche, le général Boulanger fut lancé et soutenu par un Clémenceau siégeant à l’extrême-gauche et il n’est jusqu’à cette tarte à la crème des bien-pensants, le mouvement de Robert Poujade, qui eut droit à son entrée dans les Mythologies (de droite) de Roland Barthes, qui n’eût été soutenu par le PCF et l’Humanité en ses tous débuts au motif de combat des petits contre les gros.
Le populisme a, si ce n’est des vertus, du moins une fonction utilitaire dans les systèmes démocratiques. Par leur vision fléchée et progressiste, hégélienne ou marxiste, de l’Histoire, les demi-savants ne voient dans le populisme qu’un phénomène éphémère ou minoritaire et qui finit toujours vaincu par les forces du Bien. Alors évidemment avec Trump le choc est très grand. Les populistes voués à rester au seuil du pouvoir s’en sont ouverts les portes en grand et ils semblent destinés à y rester un certain temps.







[1] Avec une palme à Paul Krugman qui aura bien saisi la nature du problème, sans savoir le résoudre, reconnaissant l’ignorance de l'Amérique des « élites» sur l'Amérique profonde: « Ce que nous savons c'est que les gens comme moi, et probablement comme la plupart des lecteurs du New York Times ne comprenons pas du tout le pays dans lequel nous vivons... Et il se trouve qu'un grand nombre de personnes - les blancs, vivant principalement dans les zones rurales- ne partagent vraiment pas notre vision de l'Amérique».
[2] « We need better systems for buffering people against disruption, even as we recognise thats dissruption is inevitable »
[3] « His blithe lack of respect for speaking the truth, his indifference to the strictures of the public record, are unprecedented in an American president and can find their parallels only in European leaders of the 1930s. Trump is an improviser, a performer, a creator of new worlds. The narcissistically damaged actor, the high­flying song and dance man » (Trump Revealed: An American Journey of Ambition, Ego, Money, and Power by Michael Kranish and Marc Fisher)
[4] Tout préjugé n’est pas à jeter. Les monarchistes réactionnaires comme de Maistre ou Chateaubriand se faisaient gloire d’avoir des pré-jugés pour résister aux idées nouvelles. Aujourd’hui les peuples plus conservateurs (les Allemands) résistent mieux à la dilution de leur identité nationale par rapport aux peuples plus ouverts (les Français ou les Anglais). De là vient que le souverainisme se fasse plus pressant chez les seconds que chez les premiers…
[5] Je ne peux m’empêcher de rapporter un souvenir personnel, au début des années 2000, à l’EHESS : l’atmosphère d’onction qui régnait dans les séminaires d’un Pierre Rosanvallon à l’air bonasse de curé défroqué, ou dans les grandes messes du prophète Derrida avant sa disparition ou lors des raouts d’épigones de Pierre Bourdieu décédé, avec leurs assistances de bigotes extasiées, recueillies au moment du sermon, outrées comme si on leur eût racontés des saletés quand quelqu’un posait une hétérodoxe question.
[6] « Le défi majeur que la société post-vérité constitue est celui de la crédibilité de l’information, qui est au cœur du fonctionnement démocratique. Ce défi-là concerne tous les lecteurs et citoyens. Leur exigence sera notre meilleure alliée »L’école a été ravagé par ce relativisme culturel quand le professeur n’est plus l’unique titulaire du savoir et que la notion de transmission des connaissances est remise en cause. De même le révisionnisme ridicule à l’encontre de l’histoire, la littérature ou les arts pour en chasser l’homme blanc surreprésenté pour faire de la place aux femmes et aux minorités ethniques. Le même révisionnisme à base de relativisme multiculturel est porté par Valaut-Belkassem pour détruire les programmes d’histoire de France. 

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