mardi 8 janvier 2019

Gilets Jaunes et vestes rouges, ensembles !


Article initialement publié le 4 décembre 2018 sur Médiapart


La révolte des gilets jaunes est l’une de ces occurrences insurrectionnelles qui reviennent à intervalle régulier dans l’Histoire de notre pays parce que ceux qui représentent le pays ont failli, ont trahi, ont usurpé le mandat qui leur avait été confié.

Nous sommes dans une situation d’extrême tension, plus marquée en France qu’à l’étranger en raison des insuffisances de notre classe dirigeante: appauvrissement des classes populaires sous l’effet du mondialisme niveleur et de l’extorsion fiscale exercée par un État Léviathan dispensateur de prébendes et de passe-droits, asservissement par les industries de divertissement et par la propagande, hyper violence dans les zones de non droit où s’entassent les immigrés importés pour faire baisser le cout du travail et détruire l’identité de ceux qu’ils doivent remplacer, jacqueries des campagnes et de la France périphérique, exclues de la mondialisation.

Cette guerre civile larvée prend la forme d’une guerre de tous contre tous aux forts relents féodal et tribal: entre inclus et exclus, entre blancs et non blancs, entre de souche et immigrés, entre secteur public et entreprises privées, entre fonctionnaires et salariés, entre hommes et femmes, entre actifs et retraités, entre laborieux et assistés.

Se joue comme toujours les mêmes antagonismes entre Paris et le reste de la France, entre l’État et ses affidés du secteur public ou subventionné (dont la nomenklatura des apparatchiks, des associatifs et des artistes qui sert de cléricature légitimante à la noblesse d’État) et les corps intermédiaires et le peuple dispersé, entre la morgue et la suffisance des puissants et la détresse et la souffrance des manants, qualifiés de gens de rien, de sans-dents, de hordes brunes, de populistes lépreux.

Sur ce champ de ruines tous les obscurantismes, tous les fanatismes et tous les séparatismes communautaires se donnent libre cours. Au point que la France disparait sous l’effet d’un triple remplacement d’une ampleur jamais vue: remplacement industriel et professionnel (au profit de l’Allemagne, de la Chine et des émergents), remplacement culturel, intellectuel et religieux (par l’américanisation, l’islamisation et le néo-féminisme matriarcal), remplacement sociologique et ethnique (par la prolétarisation et l’africanisation des classes populaires).

Les petits blancs caricaturés en bas du front racistes et sexistes et les prolétaires dépeints en fainéants réfractaires au changement ont été repoussés au delà du cercle des gens fréquentables et donc dignes d’être représentés dans les institutions nationales. Le pouvoir et ses alliés ont agi avec eux en usant du terrorisme intellectuel typique des régimes oppressifs en les démonisant (comme criminels et nazis), en les psychiatrisant (comme esprits malades), en les animalisant (comme prédateurs, deschiens et autres babtous mangeur de porcs) et en les renvoyant dans l’infâme : les uns comme ploucs-émissaireset les autres comme prolos-émissaires.

Depuis vingt-cinq ans gronde la colère populaire de la France des gilets jaunes et de la France des gilets rouges. Ces deux France n’arrivent pas à se réconcilier ou à s’allier durablement parce que la classe dirigeante a tout fait pour les opposer et leur faire perdre la fierté des gueux héritée de deux siècles de républicanisme égalitaire et d’ouvriérisme solidaire que Marx avait qualifié de conscience de classe (quand il ne s’agissait que de sentiment de classe). Avec l’effondrement du socialisme, on a jeté le bébé avec l’eau du bain, les idéaux avec l’idéologie.

Les gilets rouges et les gilets jaunes, ou blancs, car telle est historiquement leur couleur de ralliement, ne sont que les deux faces d’une même médaille : ceux qui sont au Peuple et ceux qui sont à la Nation, comme aurait dit Aragon. Au-delà de leurs antagonismes, leur complémentarité et la nécessité de s’unir contre un ennemi commun les rapproche.

Cet ennemi a pris une forme très précise en la personne d’Emmanuel Macron. Celle de l’usurpateur qui s’est saisi du pouvoir par un coup d’État judiciaire et gouverne par des méthodes dignes du fascisme socialisant dont il est l’héritier. Il est du reste bien le Pierre Laval de 1934-1936 avec sa politique économique et sociale à contretemps. Il faut l’union sacrée entre gilets jaunes et gilets rouges.

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