Martine
Aubry nous avait prévenus : lors de son départ de la rue de Solferino comme
secrétaire national du Parti socialiste, même les chiottes ne marchaient plus.
En 2017, François H. pourra être satisfait de lui : il aura réédité son
exploit aux dimensions de la France toute entière. Il aura cassé tout ce qu’il
pouvait casser, en se décidant même de finir en beauté, dans un feu
d’artifices, à la manière d’un fou furieux, un 14 juillet sur la promenade des
Anglais, dans un camion fonçant sur la foule.
Au
travers de ses innombrables causeries avec des journalistes, François H. a
abimé la parole présidentielle et jusqu’à sa légitimité personnelle comme chef
de l’État. À ce stade ce ne sont plus des confidences ou des indiscrétions mais
un cas unique et insensé d’incontinence présidentielle.
Sa
dignité, rappelons qu’il l’avait déjà remise au vestiaire et troqué
pour les jeux de la rue du Cirque, et la tenue grotesque du clown convenant à
l’emploi -casque à la Daft punk, cravate de guingois, toison noire-charbon et
costumes fripés sur les marches de l’Élysée avec l’égérie du Poitou-Charentes pavoisant
à ses côtés- et les pantalonnades avec les ex et les concubines. Les femmes d'influence, ça
aime les fauves à grandes dents, réminiscence de la femelle qui demeure en
elles, sauf votre respect Mmes Trierweller, Bruni, Sinclair. Depuis
lors, pour faire oublier ses frasques, François H. s’habille en croque-mort, de
la cave au grenier, à l’image de sa chevelure de Samson entretenu aux frais de
l’État par un perruquier à 10'000 € par mois.
Il y
a chez François H. du Bourbon décati, en fin de règne ou en fin de dynastie, reclus
dans son palais de l’Élysée, sans la grandeur ni la magnificence ni l’onction de
la fonction monarchique. Le parti socialiste ne s’en remettra pas. Il en aura été
le fossoyeur, dont il arbore à bon escient la tenue sinistre et figée. Quelle
perfection dans le détail, et quelle classe !
Ce
type n’était pas fait pour la fonction présidentielle, pas plus que Sarkozy
avant lui. Rocard nous avait prévenu. La politique accueillera les médiocres et
les moins bons. Les bouffons ont pris la place du Roi. Les Français avaient cru
avoir tout vu dans le genre parvenu vulgaire et mégalo. Ils réalisent qu’ils
ont élu, dans un système verrouillé par les partis et gangrené par la veulerie,
le père Ubu du regretté Alfred Jarry.
Entre l’ex et le futur ex,
tout au long de leur quinquennat, s’est mené une sourde bataille de
respectabilité. Et pour cause ! Jamais Présidents ne furent plus moqués,
vilipendés et détestés. Parce que rien en eux n’était respectable, ni leur
allure, ni leurs manières, ni leurs conceptions de la politique, ni leurs
postures idéologiques.
Chaque geste et parole de
l’un et l’autre ont été peu à peu calibrés par leurs conseillers pour leur
redonner ce surcroit de respectabilité qui leur faisait défaut. Il leur a fallu
du temps. Hollande relooké tout en sombre, les costumes, les lunettes, la
teinture pour les cheveux, et même le regard, ombragé, et le geste empesé,
comme ployant sous le poids des responsabilités. Fini les petites blagues, les
sourires en banane et la pluie qui s’abat sur lui comme les dix plaies d’Egypte
sur le royaume de Pharaon.
Même effort de sobriété pour
Sarkozy. Plus discrets les tics de la tête et de l’épaule, et finies ses façons
de représentant de commerce égrillard. La voix, son atout charme, descend
toujours plus bas dans les graves, signe de solidité, de pondération, de
sécurité. Il se retient de parler à mauvais escient ou d’insulter ceux qui ne l’aiment
pas. Il marche toujours en canard, gêné au derrière, mais à ça ils ne peuvent
rien faire, alors ils le filment par devant en cow-boy descendu de cheval.
Personne ne saurait s'y
tromper. On ne fait d’une haridelle un pur-sang de concours, ni de la poule qui
caquète un coq de basse-cour, ni du veau qu’on engraisse le bœuf des labours,
ni du bœuf d’élevage le taureau des arènes. J’arrête là. La coupe est pleine.
Cependant rien n’y fait, le
naturel revient au galop. Conseillers vertueux et ministres intègres ont fait
leur boulot. Retenue et modération, pas un mot plus haut que l’autre, et puis
patatras, dans l’intimité ou dans un élan lyrique, nos doubles héros s’oublient.
C’est ce qui est arrivé à ce pauvre François H. Il parle, il parle et il ne sait
plus s’arrêter, comme dans ce film du regretté Michel Audiard avec Annie Girardot, dont le
titre un peu modifié vaut tout un programme (présidentiel) : elle fume pas, elle boit pas mais... elle cause !
Un narcissisme émerveillé de
soi-même dit un
Gérard Longuet éberlué, comme toute la classe politique, jusqu’aux ministres de
son gouvernement, par les confidences du Président (Un Président ne devrait pas dire ça…) portant sur le secret-défense
(les assassinats ciblés de terroristes, sur son ordre, passibles de la cour
pénale internationale), après celles sur la lâcheté des magistrats, les
footballeurs analphabètes, l’immigration invasive, les problèmes avec l’islam, les
Français plutôt blancs de peau ou la partition qui menace l’unité nationale.
N’en jetez plus, à ce rythme-là, François H. sera bon pour une place
d’éditorialiste sur un site de la fachosphère, à Causeur ou Boulevard Voltaire,
quand il sera chassé de là où il est à coups de pied dans le derrière.
Car c’est
l’hallali, tout le monde le lâche notre François H, et le journal de référence
en premier, puisque le brûlot est signé par messieurs Gérard Davet et Fabrice
Lhomme, journalistes
du Monde. On se doute que les actionnaires milliardaires du groupe de presse
qui s’est donné pour mission de dire aux Français ce qu’ils doivent penser ont
décidé de miser sur un jeune poulain fringuant, plutôt que sur un vieux
canasson qui a fait son temps, celui qui incarnera au mieux leurs intérêts, Macron
le banquier.
Le
réel revient, comme un boomerang, au visage de la gauche socialiste et écologiste, après des années de mensonges, de falsifications et de déni. Le jeu
de massacres a commencé et c’est cette pauvre Cécile Duflot qui se voyait déjà intronisée
reine de beauté qui en a fait les frais la première. Bien fait. Le temps s’est
rafraichi. Avis de tempête !
Reconnaissons
dès lors à Martine Aubry une certaine clairvoyance à propos de son camarade de
parti : entre les chiottes cassées de la rue de Solferino et le personnage
incontinent d’Ubu Roi à la tête de l’État, il y a de la continuité et il n’est
même pas dit que certaines blaguounettes préférées du Président ne relevassent
du registre scatologique, cornegidouille !
François
H. c’est le syndrome du premier de la classe qui se fait rétamer dans la cour
de récré, à coup de réel en pleine poire, le syndrome du baveux, bavard et
incontinent, qui se prend une dérouillée.
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